Antidoping News 2023
published online on 11.12.2023

Brunner Carina1, König Ernst2
1 Pharmacienne dipl. féd., Pharmacie & Médecine
2 Directeur

Rétrospective 2023

Le lancement d’un service national et indépendant de signalement et d’enquête sur les manquements à l’éthique et les abus répond à un besoin fort du sport suisse. Après avoir reçu 264 signalements au cours de la première année, Swiss Sport Integrity s’attend à recevoir près de 400 signalements de manquements potentiels à l’éthique ou d’abus d’ici la fin de l’année. En raison de l’urgence et la nécessité, l’Office fédéral du sport (OFSPO) et Swiss Olympic augmentent les contributions financières à Swiss Sport Integrity. Le Service de signalement des manquements à l’éthique sera renforcé par un million de francs supplémentaires dans les années à venir et pourra ainsi financer les besoins croissants en personnel et en expertise externe. Ces fonds permettront de traiter les signalements dans les délais requis et avec la qualité élevée que les parties concernées sont en droit d’attendre.
Conformément à la stratégie 2021-2024 définie, les activités de lutte contre le dopage ont été, cette année encore, développées, intensifiées et améliorées. En ce qui concerne les activités de contrôle, environ 2500 contrôles antidopage devraient être effectués d’ici la fin de l’année. Pour le développement de la nouvelle méthode de sang séché DBS dans le cadre d’une collaboration internationale, de nombreux échantillons DBS ont déjà été prélevés en Suisse au cours des dernières années. Cette année, la méthode de contrôle, désormais entièrement homologuée et standardisée, a pu être utilisée plus fréquemment et à plus grande échelle. En outre, des investissements financiers et structurels ont été réalisés afin de continuer à garantir, voire à améliorer, la sécurité et la protection des données.
Une grande importance a également été accordée à la prévention. Les activités de formation en présentiel ont encore été intensifiées et augmentées, de sorte que la barre des
200 formations devrait être nettement dépassée d’ici la fin de l’année. L’écho positif concernant le nouveau format en ligne pour les parents, avec un public d’environ 250 personnes, est particulièrement réjouissant. Un travail intensif a également été réalisé sur le nouveau système d’apprentissage en ligne pour les jeunes sportifs et les sportifs de haut niveau, qui sera bientôt disponible en allemand, en français, en italien et en anglais.

Protection en matière de sport

La prévention de la violence et des abus en matière de sport ne fonctionne que si tous les acteurs du sport suisse apportent leur contribution. Les médecins du sport notamment, ont, dès le début, adopté une position claire en la matière et joué un rôle actif de pionnier. Ils ont également consacré une journée entière au thème Safeguarding and Sport lors du congrès SEMS 2023 à Interlaken. Swiss Sport Integrity remercie expressément le SEMS pour cet engagement exemplaire ainsi que Health4Sport (qui regroupe les quatre fédérations professionnelles de la santé dans le sport).

Les infusions intraveineuses: interdiction avec des exceptions

Suite à plusieurs cas douteux dans le processus AUT et à des demandes d’athlètes et de médecins, nous rappelons les dispositions relatives aux perfusions. Les perfusions intraveineuses et/ou les injections de plus de 100 ml de toute substance dans une période de 12 heures sont considérées comme méthode interdite, même si la substance administrée ne l’est pas. Il existe toutefois quelques exceptions à cette règle: les perfusions intraveineuses et les injections sont autorisées si elles sont administrées à juste titre dans le cadre de traitements hospitaliers ou de procédures chirurgicales, ou encore lors d’enquêtes de diagnostic clinique.
Exemple: Si une perfusion de plus de 100 ml est administrée dans la tente sanitaire d’un lieu de compétition ou dans un cabinet médical, cette perfusion est considérée comme méthode interdite. La perfusion est en revanche autorisée si elle est administrée de manière justifiée en milieu hospitalier.
Nous avons par ailleurs reçu au cours de ces derniers mois de plus en plus de demandes concernant les perfusions de fer. Il convient de souligner que la réglementation concernant le volume s’applique également aux perfusions intraveineuses et/ou aux injections de fer. Ce qui signifie que les perfusions de fer supérieures à 100 ml en l’espace de 12 heures sont interdites en vertu de la Liste des interdictions. La substitution orale est donc le traitement de choix pour les athlètes souffrant de carence en fer. Dans les cas pour lesquels la thérapie orale n’est pas suffisamment efficace, le fer parentéral peut être administré lentement par injection intraveineuse (non dilué ou dilué avec du NaCl 0.9% jusqu’à 100 ml).

Don de sang

Les athlètes qui souhaitent donner du sang ou des composants sanguins doivent être familiarisés avec les règles antidopage. Il convient de souligner que l’administration ou la réintroduction de sang dans le système circulatoire est interdite par la Liste des interdictions. Le don de sang «classique» est par conséquent autorisé, alors que les dons impliquant une aphérèse sont en principe interdits. Le don de thrombocytes et de cellules souches du sang périphérique constitue donc des méthodes interdites. À compter de 2024, le don de plasma et de composants plasmatiques, également effectué par aphérèse, sera explicitement exclu de cette interdiction et sera autorisé dans les centres de don enregistrés, comme le prévoit la Liste des interdictions.

Réception de sang et de composants sanguins

La réception de sang (complet) ou de composants sanguins est interdite par la Liste des interdictions. Étant donné que lors d’une réception de plasma, seul le plasma est réintroduit dans le système circulatoire, et non, par exemple, les globules rouges, sa réintroduction n’est pas interdite par la Liste des interdictions. Toutefois, les dispositions applicables aux perfusions intraveineuses selon la Liste des interdictions doivent être respectées. La réception du plasma serait par exemple interdite si un volume de plus de 100 ml par périodes de 12 heures était administré en dehors d’un hôpital.
Pour tous les dons ou thérapies interdits, une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT) est nécessaire.

Procédure AUT: transferts et changements de ligue

Au cours de l’année dernière, il est arrivé à plusieurs reprises que des athlètes provenant de l’étranger soient passés à une ligue suisse ou que des athlètes (de la relève) aillent participé à des compétitions internationales sans respecter les dispositions de l’AUT. Nous rappelons les points suivants:

  • Les athlètes du pool d’AUT et les athlètes de niveau international (ILA) nécessitent une AUT préalable. Autrement dit, la demande et l’autorisation doivent avoir lieu avant le début de la thérapie.
  • Les transferts dans les sports d’équipe et les athlètes qui s’apprêtent à participer à des compétitions internationales doivent faire l’objet d’une attention particulière afin de ne pas manquer de demander une AUT préalablement ­requise.
  • Si les athlètes sont en possession d’une AUT valable, délivrée par une organisation nationale antidopage (ONAD), cette AUT est globalement valable au niveau national. Si, lors d’un transfert depuis l’étranger, une AUT valable de l’ONAD locale compétente est disponible, elle est valable au niveau national en Suisse. Il est impératif de vérifier la durée de validité et la thérapie autorisée.
  • Une AUT approuvée par Swiss Sport Integrity est valable sur le plan national. Pour être valable au niveau international, elle doit être reconnue par la fédération sportive internationale compétente.

Analgésiques: interdiction du tramadol

Selon la Liste des interdictions, certains narcotiques sont interdits en compétition. La catégorie des narcotiques est formulée en termes fermés, ce qui signifie que seuls les narcotiques mentionnés sont interdits par la Liste des interdictions. Ce qui constitue une différence par rapport à diverses autres classes qui incluent également d’autres substances dotées d’une structure et d’effets similaires.
Un an auparavant, l’Agence mondiale antidopage (AMA) avait déjà annoncé l’interdiction du tramadol en compétition, une interdiction qui entrera désormais en vigueur le 1er janvier 2024. Dans le même temps, d’autres opioïdes à faibles effets sont intégrés dans le programme de surveillance afin d’identifier les modèles d’utilisation en compétition. La codéine et l’hydrocodone étant déjà surveillées depuis longtemps, l’ajout du tapentadol et de la dihydrocodéine permettra d’observer plus précisément encore les changements dans l’utilisation.
Si vous encadrez des athlètes qui utilisent du tramadol, il est nécessaire de les informer au sujet de l’interdiction et, dans la mesure du possible, leur proposer des alternatives thérapeutiques autorisées. Si cela n’est pas possible ou si un essai thérapeutique avec une autre substance n’apporte pas le succès thérapeutique escompté, veuillez fournir une justification et le documenter en conséquence, afin que la documentation soit disponible pour une demande d’AUT.
La procédure concernant l’AUT dépend du moment d’utilisation du narcotique et de la programmation de la compétition: les athlètes du pool AUT et les athlètes de niveau international qui doivent avoir recours à des narcotiques «en compétition» (avant 23h59 le jour précédant la compétition jusqu’à la fin de la compétition et l’éventuel contrôle antidopage) doivent faire une demande d’AUT préalable; pour une utilisation de narcotiques prescrite par un médecin uniquement hors compétition, les athlètes peuvent demander une AUT rétroactive après un éventuel contrôle antidopage positif en compétition (réglementation analogue à celle concernant les glucocorticoïdes).
L’AMA n’indique pas de périodes de sevrage pour les narcotiques, à l’exception du tramadol. Dans la mesure où un traitement par narcotiques n’est nécessaire qu’en dehors de la compétition et que vous souhaitez respecter les périodes de sevrage, vous devez évaluer vous-même les périodes de sevrage applicables aux narcotiques. La période de sevrage pour le tramadol est de 24 heures.

Liste des interdictions 2024: autres modifications

Concernant la Liste des interdictions 2024, l’AMA a ajouté divers exemples supplémentaires de substances déjà interdites et a procédé à des adaptations formelles. La Liste des interdictions traduite par Swiss Sport Integrity est disponible sur https://www.sportintegrity.ch/fr/listedesinterdictions. Pour la vérification du statut d’interdiction des médicaments, Swiss Sport Integrity offre une aide simple et pratique: la base de données sur les médicaments DRO global sur son site Internet ou via l’application mobile (https://www.sportintegrity.ch/fr/medicaments).

Nouveaux exemples et synonymes de substances interdites

La classe des «Substances non approuvées» de la Liste des interdictions regroupe tous les médicaments récemment développés qui ne sont pas encore homologués interdisant leur utilisation abusive. Cette classe inclut donc de nombreuses substances différentes, même si seules quelques-unes sont nominativement citées. L’AMA cite désormais comme exemples le 2,4-dinitrophénol (DNP) et les activateurs de la troponine (p. ex. reldesemtiv et tirasemtiv).
Pour les catégories d’anabolisants et de stimulants, de nouveaux exemples et synonymes de substances déjà interdites ont été ajoutés.
La plupart des ajouts concernent la sous-catégorie des hormones peptidiques et leurs facteurs de libération. Pour plus de clarté, le titre «Peptides stimulant la testostérone inter­dits chez le sportif de sexe masculin» a été ajouté et le paragraphe remanié. Le terme courant, mais jusqu’à présent non utilisé, d’«hormone de libération des gonadotrophines hypophysaires» (GnRH) est désormais explicitement mentionné. Comme précédemment, ses analogues agonistes sont mentionnés et un nouvel exemple, l’histréline, a été ajouté. La kisspeptine et ses analogues agonistes, qui stimulent la sécrétion de GnRH – et donc également la sécrétion de testostérone –, ont aussi été ajoutés.
La capromoréline et l’ibutamoren (MK-677) ont été ajoutés en tant qu’autres exemples de sécrétagogues de l’hormone de croissance (GHS) et de leurs mimétiques. Il s’agit de mimétiques de l’hormone naturelle ghréline, laquelle stimule la production de l’hormone de croissance et, de ce fait, du facteur de croissance analogue à l’insuline-1. Pour l’IGF-1, la DCI mécasermine a également été ajoutée.
Une liste complète de toutes les modifications est disponible auprès de l’AMA [1].

Adresse de correspondance

Carina Brunner
Pharmacie & Médecine
Pharmacienne dipl. féd.

Ernst König
Directeur

Fondation Swiss Sport Integrity
Eigerstrasse 60, 3007 Berne
med@sportintegrity.ch
http://www.sportintegrity.ch

Référence

1 https://www.wada-ama.org/sites/default/files/2023-09/2024list_
explanatory_list_fr_final_22_september_2023.pdf

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